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les détails d'une valse - [privé]

Amaranthe Van Der Guilt
la demoiselle de porcelaine
Amaranthe Van Der Guilt


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peau de chagrin
Il lui murmura son dégout de la haute société au creux de l’oreille. Son souffle lui caressait la joue. Amaranthe retenait le sien. Elle écouta, attentive, chaque impertinence qui osait franchir le seuil de sa bouche. Franchise, si exotique à son quotidien, qu’elle n’aurait pas dû tant apprécier.

Emportés par une valse fiévreuse, il était trop tard pour les politesses. Les convenances avaient déjà été outrepassées et ils s’apprêtaient à bafouer quelques règles de plus dans la torpeur de cette salle de bal.

— Ne regrettez rien, monsieur. Ce monde n’a rien de sincère à offrir. lui confia-t-elle à voix basse.

Et vous dites-moi... Vous appartenez à ce monde nauséeux sans en revêtir le châle de son hypocrisie. Qui êtes-vous donc?

— Je ne suis qu’une mod…

…este ambassadrice. Les mots moururent sur ses lèvres quand elle sentit la douloureuse sensation de ses mains glissant des siennes. Elle lui échappa. Des phalanges indésirables lui dérobèrent son cavalier et l’arrachèrent soudainement de ses bras. Prise de court, elle se vit emporter au loin, le temps d’un refrain. Un changement de partenaire qu’imposait brièvement la danse à trois temps auquel ils se prêtaient.

La demoiselle devrait se sentir soulagée d’échapper un instant au danger de cette conversation, pourtant, ils se cherchèrent des yeux, se trouvèrent, au loin, et s’évitèrent, encore. Embarquée par le flot des danseurs, sa tête commençait à lui tourner. Le rythme accéléra. Le tourbillon de jupons s’intensifia. Son regard bondissait tour à tour d’une comtesse pompeuse, au regard de monsieur d’Aurevilly, des musiciens déchainés, au regard de monsieur d’Aurevilly, de Auguste qui la scrutait au loin, accusateur, à monsieur d’Aurevilly. L’interdit de leurs échanges oculaires, furtifs, fuyants, éphémères. Pourtant ils revenaient inévitablement à lui, curiosité prohibée auquel elle ne devait pas céder. Un saut. Un tour de plus. Les crinolines virevoltent, tornades de dentelle. L’angoisse qui claque le sol en même temps que leurs talons, synchronisés. Alors lorsque, par un hasard étrange, le capitaine revint à sa portée, elle tendit instinctivement une main vers lui. Avide de son contact, ses doigts frôlèrent les siens. L’ondine retint son souffle. Puis, ne demandant rien de plus, il les saisit et la guida doucement jusqu’à lui. Un battement de cœur plus tard, elle se retrouvait de nouveau dans ses bras anéantissant la distance qui les séparait encore.

Elle due endurer la douce collision de son corps contre le sien. Le toucher grisant de sa paume contre son dos. Inconsciemment, elle resserra légèrement la poigne qui gardait la sienne par crainte de s’en voir de nouveau dépossédée. Une prunelle qui en défit une autre dans un affrontement presque intime. Des armes invisibles qui croisent le fer. Une pensée qui se noie dans la bataille. Enième provocation. L’audace plus tant étrangère à leurs interactions.

— Parlez-moi de chez vous. De Planeceres. reprit-elle dans un chuchotement étouffé.