si tel est votre désir — Auguste

[La menace] – Une naissance dans la douleur. Auguste fut créé d’une incohérence de l’Univers. D’un point trop emplit de désespoir. D’abord simple sensation, au fil du temps, il prit de plus en plus d’ampleur se nourrissant de ce qu’il se fait de pire. D’abord intangible, Auguste a été le frisson d’effroi qui vous remonte l’échine. Il a été le souffle brulant contre votre cou avant de quérir tant d’intérêt qu’il en devienne palpable. Personnalisation de la culpabilité, né du vice devenu si lourd à porté pour l’Univers qu’on a du le crée, lui, pour tenter de le supporter. Tampon essentiel à l’équilibre, Auguste en veut à la terre entière de lui avoir donné vie. Il endosse son rôle sans en vouloir, écrasé par cette fatalité. Une guerre qui finit d’achever ce petit chef d’œuvre. Une conscience, un esprit critique, quelques sentiments disséminés bien vites. Auguste, fauteur de trouble, a vu bien des choses – se nourrissant tendrement de ce que vous êtes devenu. Lui, l’abandonné du temps qui a pour devoir de le soulager.

[La guerre] – Des litres de sang. Des cris stridents. Des larmes en torrents. Jubilation suprême de voir enfin ce monde s’entre tuer. Après tout, ils n’ont que ce qu’ils méritent. Les cadavres pourrissent sur le sol, piétinés par leurs camarades. Les âmes se déchirent à coup de lames. Forme totale et parfaite dans la confrontation et l’horreur. Créature cauchemardesque aux ailes noires qui s’abat sur les combats. Auguste se fondit dans la masse de colère qui fit écho à la sienne, obnubilé par tant de sincérité dans une violence froide, apathique tout aussi aveugle que lui. Calculateur, Auguste attend son heure.

[Le pacte] – Sa chose. Si minuscule, si fragile entre ses griffes. Incapable de comprendre, il porte à son cœur pour la demoiselle une neutralité terrifiante. Il s’imprègne de la jeune femme depuis des années, en connait toutes les tournures, toutes les bavures. Il se retrouve à veiller sur cette drôle de créature qu’il pourrait broyer en un geste. Tour de force du destin mais qui a la qualité de tromper son ennui. Il l’observe en silence, jouant le parfait majordome. Il patiente dans son ombre. Le monstre s’amuse à parier sur le point de rupture, à tendre un peu plus la corde. Il veut qu’elle éclate. Il veut être aux premières loges pour assister à sa déchéance. Auguste à tout son temps, il savoure ce qui se dissimule sous la surface, prêt à bondir à la moindre erreur de sa part. Quand l'intégrité finira-t-elle par flanchée? Dans cette aristocratie si corrompue, le démon se régale. Semer le doute parmi les nobles, envenimer les relations diplomatiques, murmurer quelques obscénités selon ses envies. Il se surprend à se plaire de pouvoir pousser dans les escaliers une petite vieille ou charmer quelques femmes mariées sans craindre les répercutions. Il n’a qu’à souffler une idée scandaleuse à une oreille trop baladeuse et profiter du spectacle, hilare dans son coin.